Écoute... s'il n'y a que cela pour te faire plaisir, la prochaine fois que je serais seule dans un ascenseur je me mettrai debout sur un seul pied pour voir ce que ça me fait. Mais note que ça ne sera pas pour tout de suite car j'ai l'habitude de prendre les escaliers histoire de ne pas jouer les feignasses au quotidien (et puis de toute façon je n'ai pas d’ascenseurs chez moi et dans ma ville les hauts buildings on ne connaît pas). Ce genre d'exercices sont assez compliqués quand on est nombreux dans un ascenseur entre le nombre de personnes, les sacs et cabats divers, les poussettes... donc si en plus on s'amuse à jouer les flamands roses ça peut devenir assez floklo...
Mais promis, dès que je suis seule, j'essaye.
Bon, ensuite, tu penses être seul au monde à avoir des sensations... c'est bien, ça te rend un unique, mais... et là j'espère ne pas briser ton rêve... il faut tout de même prendre en compte le facteur sociale. J'ai connu à une époque des gens qui avaient peur de prendre l'ascenseur (et je n'ai d'ailleurs jamais réussi à savoir si c'était à cause de la peur des pannes, de la claustrophobie ou les changements de vitesse... probablement un peu tout ça réuni), je connais encore aujourd'hui des gens qui ont peur de l'avion, et qui ont peur des montagnes russes, etc... ce qu'il faut savoir c'est qu'une grande majorité des gens n'en parlent pas. Quelqu'un qui ressentira des sensations dans un ascenseur n'ira pas pousser des cris ou le crier sur les toits de peur de passer pour un extra-terrestre.
Je vais parler du cas que je connais le mieux, à savoir le mien. Perso j'adore les sensations que me procurent le décollage d'un avion, c'est purement magique (et comme en prime j'adore l'ambiance des aéroports et que j'adore partir en voyage... je ne te dis pas l'état dans lequel je suis quand je suis dans un avion, c'est la fête dans ma tête ! Ceux qui ont vu le film
Vice-Versa...et bien c'est complètement moi dans un avion). Mais je t'accorde qu'en effet, je ne pousse pas des cris de joie en permanence car je suis d'un naturel plutôt discret. Mais... je me lâche dans les manèges car ce genre de déviances sont bien vues dans ces cas là. Nous sommes tous victimes de la pression sociale. Je tiens d'ailleurs à faire mon coming-out, si vous étiez à Disneyland Paris le 6/06 de cette année et que vous avez entendu une folle chanter à tue-tête It's a Small World dans l'attraction du même nom... c'était moi (et une copine).
N'empêche qu'on a mis une super ambiance dans les barques, même si on a fait peur aux chinois.
Je crois qu'il y aura autant de réponses différentes que de personnes en ce monde car nous ne ressentons pas les mêmes choses de la même façon. Certains vont vomir en ressortant d'une simple chenille et d'autres voudront faire du sot à l'élastique pour le plaisir. Et ça... à moins d'être dans l'oreille interne des autres...
Autre chose, ce qui fait qu'on a des sensations, ce n'est pas la vitesse en elle-même, mais le changement brutal de vitesse. Et dans les attractions, on a non seulement le changement de vitesse mais en plus on va et vient de droite et de gauche et on est bien secoué. Le corps ne sait plus là où il est (parfois, on va même à l'envers ou on est dans le noir, donc impossible au cerveau de prévoir quoi que ce soit), d'où la sécrétion hormonale et les moments de plaisir. C'est bien connu, les hormones règlent tout et peuvent aussi tout dérégler... d'où certaines réactions de joie, de cris et de rires parfois extrêmes. Mais c'est si bon de rire, c'est excellent pour la santé en plus.
Dans un ascenseur, même si le démarrage est brutal, on sait où on va, en haut et tout droit. L'effet de surprise est plus limité. Si tu prends certaines attractions (comme The Mommy à Universal Studios ou Aerosmith à Disneyland), le démarrage est violent, après c'est très ennuyeux (à mon goût).
Bref, mon cher Philippe, vous prenez le problème sous le mauvais angle je pense. La physique, l'oreille interne, tout ça-tout-ça... ont bien évidemment leur rôle à jouer (j'ai eu des frissons de plaisir dans l'ascenseur du Top of the Rock et j'étais sur mes deux pieds !), mais le contexte social est prépondérant.
Je finirai par quelque chose d'important, il me semble, un exemple que je trouve assez significatif. Pendant longtemps j'ai été malade en voiture et aucun comprimé n'y a fait quoi que ce soit, une horreur pendant des années. Du jour où je me suis mise à chanter pendant les nausées, elles ont disparu ! Désormais, ce sont ceux qui m'accompagnent qui subissent l'horreur.
