Nouvelle à New York

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Nicky13
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Nouvelle à New York

Message par Nicky13 »

Bonjour à tous!

New York inspire... :!: Voici une partie d'une nouvelle que je suis en train d'écrire!
J'avais envie de vous faire partager cette première partie car j'aimerais vos avis. Et comme cela parle de New-York, je pense que vous êtes les mieux placés pour me faire part de vos remarques... :wink:

Que pensez-vous de l'ambiance? Qu'ajouteriez-vous? Qu'enlèveriez-vous?

D'avance merci! :wink:

L’inspecteur Angelo Cruz se réveilla aux aurores, comme à son habitude. Il avait encore un suspect à interroger, un seul. Peut-être le meurtrier. Il s’habilla à la hâte et rejoignit la brigade à pieds.

L’air était frais et le soleil ne s’était pas encore levé. Quelques taxis arpentaient les rues désertes, les coffee-shops ouvraient leurs portes et l’odeur du pain chaud commençait à couvrir l’odeur de la ville. Les immeubles semblaient avoir absorbés les étoiles et leurs masses noires étaient parsemées de petits point lumineux s’élevant vers le ciel bleu marine. Les néons de Time Square se reflétaient sur les trottoirs gris. Chaque fois que l’inspecteur Cruz traversait cette place, il avait l’impression d’être aux commandes d’une soucoupe volante géante.

Devant ses yeux, une Kate Moss muette de dix mètres de haut faisait l’apologie d’une voiture qui semblait vouloir sortir de l’écran géant. Le cours de la bourse défilaient comme le générique de la vie new-yorkaise. Le poste de police, arborant lui aussi ses néons comme pour se fondre dans ce bain lumineux, était quasiment vide. Les motos alignées contre le mur telles des chevaux modernes à l’entrée d’un saloon, attendaient ces cow-boys des temps modernes. Une vision quelque peu surannée, finalement. Les égouts rejetaient des nuages de vapeurs odorantes tels des dragons endormis et le métro faisait trembler imperceptiblement le sol.

Quelques touristes, en proie au décalage horaire, ne savaient où donner des yeux et prenait en photo chaque affiche, chaque panneau de signalisation, chaque Starbucks ou les célèbres marches rouges encore éclairées en cette heure matinales. Pose triomphante ou mise en scène, comme s’ils avaient attendu ce moment toute leur vie. Un morceaux de la Big Apple pour dire « j’y étais », preuve en image d’avoir foulé le sol de cette ville surréaliste.
Cette ville qu’ils voient dans leurs séries télé préférées ou au cinéma. Certains marchaient sur les pas de Woody Allen, prenaient des angles de vues en tentant de se rapprocher le plus fidèlement d’une affiche de film, d’autres entraient et sortaient des boutiques de luxe dont les nouvelles séries américaine faisaient l’éloge à chaque épisode.

Angelo connaissait tout ça. Ayant été flic de zone, il avait arpenté les rues de Manhattan dans tous les sens, les sentiers de Central Park à cheval et à vélo et avait, de nombreuses fois, posé avec ces touristes qui s’imaginaient tourner dans un épisode de « Law and Order » et qui rentraient probablement en assurant que « les flics new-yorkais étaient vraiment sympas ». Non, les flics new-yorkais étaient surtout vraiment mal payés.

Sans oublier tous ces colifichets rapportés dans leurs valises pour la mère, la sœur ou l’ami qui se pâmeront face à ces babioles « made in New York »…Le réel « Made in Taïwan » gravé sous l’objet du désir ne sera alors qu’un détail.
Angelo pouvait énumérer par ordre alphabétiques, de grandeurs ou de couleur tous les objets les plus rapportés, son expérience de douaniers à JFK au début de sa carrière l’avait souvent fait sourire. Du T-shirt « I Love NY » ramené en différentes couleurs, différentes tailles, aux boules à Neige enfermant une maigre réplique de l’Empire State Building sans oublier les vêtements de marques américaines qu’ils seront fiers de porter une fois rentré, en spécifiant à chaque compliment « Ca vient de New York », nostalgie ou ego, les deux seront satisfaits face au regard admiratif de « ceux qui n’y sont jamais allé ».

Les yeux à la fois inquiets et impressionnés de ceux qui rentrent dans leur pays face au douanier qui a le pouvoir de les arrêter ou de les laisser passer. La douane américaine faisant la une des journaux ou l’objet de blagues était un passage obligatoire presque aussi mythique que le passage sur Time Square. Ca fait partie du voyage, du jeu.

Angelo sourit intérieurement. Finalement, c’était la belle époque. Aujourd’hui atterri à la crim’, il n’avait plus accès à ces petites anecdotes qui, bien que répétitives, étaient finalement synonymes de belle vie. Aujourd’hui, il enquêtait dans les ruelles reculées du Lower East Side, il interrogeait des chinois régnant sur Chinatown depuis plus de quinze ans mais qui, à sa vue, s’entêtaient à répondre « moi pas comprendre », ou les vestiges de la mafia dans Little Italy, loin de Tony Soprano et plus proche du côté glauque des années vingt, des jeunes délinquants qui braquaient, tuaient et violaient avant d’avoir atteint leur majorité, des mères éplorées, des camés devenus dingues ou des pakistanais se faisant braquer au beau milieu de la nuit, Angelo ne voyait plus que le côté sombre de cette ville qui ne dort jamais.
« La ville qui ne dort jamais… » répéta-t-il pour lui-même « Oui, mais que fait-elle alors ? ».
Probablement, par égards pour les touristes et ceux qui croient encore à « l’American Way of Life », New York attend la nuit tombée pour révéler son côté sombre. C’est pour ça qu’elle ne dort jamais. Ce n’est pas de tout repos d’être flic à New York mais ça doit être pire d’être New York.

Angelo rentra dans la brigade, accueilli par une odeur de café et de saleté, ne sachant distinguer quelle odeur provenait réellement de la machine à café archaïque. Il salua l’équipe de nuit qui avait l’habitude de le voir débarquer de bonne heure et s’affala dans son fauteuil devenu inconfortable au fil des années. Sur son bureau, une enveloppe blanche. Il regarda autour de lui puis la souleva.
- Qui a mit ça sur mon bureau ? lança-t-il.
Quelques policiers se retournèrent en haussant les épaules, d’autres ne prirent même pas cette peine, fonctionnant visiblement au ralenti après une nuit de travail. Angelo expira bruyamment et déchira l’enveloppe. Un carré de papier rose était à l’intérieur. Une odeur de parfum féminin s’échappa de l’enveloppe ouverte. Par précaution, Angelo prit un pince dans son tiroir et tira le feuillet hors de l’enveloppe. Une écriture ronde, des cœurs aux quatre coins dessinés soigneusement et quelques fleurs enjolivaient le petit mot. « Et si c’était une femme que vous recherchiez, Inspecteur Cruz ? » .

Quelques mots vinrent le frapper au visage et remettaient toute l’enquête en question. Le suspect arriverait à neuf heure, soit dans deux bonnes heures. C’était lui, le meurtrier, il n’y avait pas de doute, les indices, les témoignages, tout correspondait. S’il ne prenait pas ce message au sérieux et qu’il passait à côté de quelque chose, il s’en voudrait toute sa vie. S’il prenait ce message au sérieux et qu’il se retrouvait dans une impasse, il aurait perdu des heures, voir des jours dans l’enquête.

Almond, le chef des inspecteur, n’était pas encore arrivé et Leila Ming, sa coéquipière sexy, ne serait là qu’à huit heure. Il l’appela néanmoins de son portable personnel.
- Oui Angelo, que se passe-t-il ? répondit-elle d’une voix enjouée qui prouvait qu’elle était déjà levée.
- J’ai du nouveau…Enfin, je crois…
- Du nouveau ? L’enquête est bouclée aujourd’hui…
- J’ai reçu un mot…
- Un mot ?
- Un mot.
Elle attendit qu’il en dise plus. Lui, attendait qu’elle lui annonce qu’elle arrivait de ce pas. Ce fut Ming qui reprit la conversation :
- Ok…Et il dit quoi ?
- Qui ?
- Le mot, Angelo !
- Et si c’était une femme que vous recherchiez, Inspecteur Cruz ?
- Canular, dit-elle après avoir répété la phrase dans sa tête.
- Et si c’était un autre piste ?
- Jamais !
- Leila…On ne peut pas ne pas en tenir compte ! Pense à la femme de Zorro…
Zorro était le meurtrier. Enfin, le meurtrier présumé vers qui tous les indices se dirigeaient. Il avait une femme muette qui avait assisté à l’enquête en arrière plan, des yeux implorants braqués sur les inspecteurs à chacune de leur visite. Leila rit de l’autre côté du combiné.
- Quoi ? s’enquit Angelo, vexé.
- Angelo, tu n’y as pas pensé ?
- Quoi ? répéta-t-il
- Zorro et son coéquipier muet…Bernardo ! Dans la série…
- J’ai jamais regardé.
- Oui, mais c’est connu ! Quelqu’un te fait marcher ! L’histoire a été tellement médiatisée que ce Zorro a fait la une des journaux et la cible de nombreuses blagues !
- Peut-être…
- Pas « peut-être », c’est sûr ! Je vais arriver…On en discute avant l’arrivée de Zorro !
- Ok, dit-il avant de raccrocher, un peu déçu de la réaction de Leila.
L’enquête pouvait se terminer aujourd’hui. Ou commencer aujourd’hui. Un suspect qui clamait son innocence. Une femme muette presque invisible.

Perdu dans ses pensées, Angelo monta sur le toit et alluma une cigarette. Le soleil se levait inondant les immeubles d’une teinte orangée flamboyante. Une mer de béton et d’acier dans laquelle il était plongé jusqu’au cou. Il lui restait juste à ne pas perdre pied, mais New York ne lui facilitait pas la tâche. Cette ville s’imprégnait dans chacun de ses pores, s’insinuait dans ses narines et le faisait sombrer petit à petit. Il pensait la connaître, la maîtriser mais tel un animal sauvage, New York s’approchait de vous, vous laissait croire que vous l’aviez puis repartait aussi vite, filant entre vos doigts avec une sensation de frustration marquée. Une vie vile dans la ville-vie.

Au loin, Miss Liberty l’observait, attendait. Une torche en main pour allumer son bûcher ou pour lui montrer la sortie ? Angelo savait que la mer aux couleurs et au nom si attrayants qui était sous yeux finirait par le happer tout entier. Il ferait partie de Manhattan plus que de lui-même.
Il serait l’homme qui ne dort jamais vivant dans la ville qui ne dort jamais.
Yann59
Messages : 1214
Inscription : 30 avr. 2009, 10:58

Message par Yann59 »

Plutôt pas mal, Nicky! Tout d'abord, on se projette bien dans le décor avec les détails que tu donnes. Ensuite, j'aime bien ce côté sombre de New York attaché au personnage, ce côté cynique aussi, surtout quand tu évoques le touriste de base que nous avons tous été! :lol:
Sinon, c'est un peu court mais assez pour aiguiser ma curiosité... Donc si tu veux mettre la suite, je suis preneur... :wink:
Nicky13
Messages : 2751
Inscription : 29 août 2009, 13:38

Message par Nicky13 »

Merci Yann! :wink:
Mais en fait...J'ai pas vraiment de suite! :oops: :lol:
J'avais surtout envie de jouer sur la description et l'ambiance mais le reste ça m'est venu comme ça sans vraiment penser à une vraie suite... :roll:
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